mardi, septembre 05, 2006

Mémoire de Master en Géographie

INTRODUCTION
Après la disparition du paysage sur les scènes politiques, l'évolution qui s'est manifestée dans le sens donné à cette notion l'a fait passer, assez radicalement, d'un objet de spectacle à protéger à des conditions de vie à arranger pour le bien-être de la société. La protection du paysage est devenue mondiale et s'est concentrée sur des sites et des biens qui représentent une valeur universelle pour leur rareté et leur exceptionnalité à échelle planétaire. On a donc assisté à un double mouvement : d'un coté un glissement de sens d paysage vers les conditions de vie de façon indéniable bien que la mise en œuvre de ce sens se trouve encore face à de nombreux obstacles, et de l'autre coté une augmentation du degré d'exceptionnalité qui a poussé le paysage sur la scène mondiale. Ces deux mouvements concomitants se sont traduits dans la législation internationale : d'un coté, la Convention pour la Protection du Patrimoine Mondial et de l'Unesco (adoptée par l'Unesco en 1972) qui fait élever les paysages, de l'action des experts nationaux et internationaux et des organismes territoriaux, au statut de patrimoine mondial en vertu de leurs caractéristiques exceptionnelles. De l'autre, l'Europe, à travers les initiatives d'experts du Conseil d'Europe, a promis le paysage comme moyen pour améliorer les conditions de vie des populations, la Convention Européenne du Paysage (adoptée par al Comité des ministres du Conseil Européen en juillet 2000) a inauguré une nouvelle ère, encore pleine de doutes dans son application il est vrai, mais soutenue par des mouvements sociaux et des environnements professionnels qui militent en faveur de la mise en œuvre d'actions qui visent "à protéger, gérer, arranger" les paysages, cette dualité entendue dans le sens paysagiste soulève bien sur des problèmes fondamentaux de mise en œuvre des principes sur lesquels sont construits les deux textes internationaux : en effet, si un paysage européen a acquis le statut de bien du patrimoine mondial, et devrait donc répondre aux règles de protection prévues par la convention de l'Unesco, se trouve, en même temps, soumis aux normes que la Convention Européenne du Paysage (mise en œuvre après son entrée en vigueur le 1° mars 2004). Cette situation de divergence apparente de statut du paysage met ainsi les acteurs responsables de la gestion du paysage un dilemme difficile à résoudre : soit conserver les paysages dans le sens d'un maintien de caractères qui ont permis d'accéder au statut de biens exceptionnels du patrimoine mondial reconnu par l'Unesco, soit les faire évoluer pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations qui y vivent, c'est-à-dire concilier l'exceptionnel et la quotidien, le notable et l'ordinaire, la protection et l'amendement nécessaire pour l'explication des activités de la société locale.